On note, chez notre Président, une réelle volonté d’associer plus et mieux les parties prenantes à la vie de la collectivité. Peut-être, parmi les dirigeants ou managers, existe-t-il un désir du même type ? Le Président est le premier à avoir osé les « Chantiers de la Justice » en début de mandat avant de lancer le « Grand Débat ». Il lui revient le mérite d’avoir tenté ce qu’aucun président avant lui n’avait osé. Mais il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir … Surtout lorsqu’on vise à faire évoluer un collectif !

La volonté présidentielle s’est manifestée à plusieurs reprises : le Grand Débat, les états généraux de la Police et, tout récemment les états généraux de la Justice

En premier lieu, le recours à des états généraux est révélateur de l’ampleur de l’inadaptation (décennale voir triennale) face aux multiples évolutions de l’environnement. La France n’est plus la même qu’il y a 20 ou 30 ans et la Police, la Justice (comme toutes les organisations !) ne peuvent pas rester en retrait de ces évolutions. Mais dans ces cas, plus on attend, plus l’ambition doit être grande, voire démesurée, pour compenser l’immobilisme, surtout avec des problèmes complexes. Pensez donc « Restaurer la confiance dans la Justice », il ne s’agit rien de moins d’une remise à plat du système judiciaire … sans parler du manque de moyens dont souffre l’institution, et cela, on le sait bien !

Ensuite, avec ces états généraux, le prince à une double ambition : associer les professionnels du métier (ici les acteurs judiciaires au sens large) et, en même temps, les citoyens. Si les professionnels sont réunis au sein de groupes de travail, ce qui peut être une bonne chose, les citoyens sont invités à donner leur avis au travers d’une plate-forme numérique qui recueille simplement leurs doléances. Bis repetita des fameux cahiers de doléances, prémisses de la grande de révolution ? Ce n’est pas ainsi qu’on les fait grandir !!!

Enfin, je relève ce qui pour moi, constitue une erreur majeure, toujours en relation avec cette ambition démesurée pour rattraper le retard accumulé . Je veux parler de cette propension à oublier l’essentiel en voulant tout embrasser : « Le but est de mettre tous les sujets sur la table dans un grand débat démocratique. » On nage dans l’illusion la plus totale, voire l’inconscience !

Pourquoi en être toujours et seulement à ces grand-messes ou à ces lourdes opérations de conduite du changement ? Je préconise, au contraire, avec la révolution managériale et culturelle l’adaptation continue à petits pas qui a le mérite de faire grandir les collaborateurs ou les parties prenantes. Un grand besoin s’il en est !

La prise en compte de la réalité dans le travail de « réflexion collective » est la condition de ce que j’appelle l’excellence décisionnelle.